Nico Helminger
Nico Helminger fréquente l’école primaire et le Lycée de garçons à Esch-sur-Alzette. Après son baccalauréat en 1972, il entame des études d’allemand, de langues et littératures romanes ainsi que d’art dramatique, qui le mènent de Luxembourg à Sarrebruck, Vienne et Berlin. En 1980, il s’installe à Paris, où il travaille d’abord comme vendeur de journaux, puis comme professeur d’allemand et d’histoire au lycée. En 1984, il s’installe à Munich en tant qu’auteur indépendant. Il séjourne ensuite à Heidelberg, puis de nouveau à Paris. En 1999, il rentre finalement au Luxembourg, à Esch-sur-Alzette, où il vit et travaille toujours comme écrivain indépendant. Nico Helminger est le frère aîné de Guy Helminger.
Son œuvre se déploie dans les trois principaux genres littéraires – théâtre, poésie et prose – et présente un large éventail stylistique et thématique. Ses textes, principalement écrits en luxembourgeois et en allemand, présentent non seulement des caractéristiques qui transcendent les genres et alimentent une réflexion sur les conventions génériques, mais se nourrissent aussi de sujets et de motifs empruntés à la littérature mondiale.
Les débuts littéraires de Helminger, à la fin des années 1970, sont placés sous le signe de l’attribution de fonctions sociales et politiques à la littérature, avec un accent théorique sur le médium du théâtre. Son mémoire de maîtrise sur Dario Fo et le théâtre populaire chez Arno Paul aborde déjà la politisation de l’écriture dramatique. En se référant au concept de théâtre épique de Bertolt Brecht, par exemple dans rosch oder déi lescht rees (1980), il affirme sa conviction que la littérature incite à l’action par le biais de la connaissance. De schantchen (1989), Miss Minett (1993), et schwarzloch (2006) contiennent une critique sociale dans laquelle Helminger expose le dépérissement psychologique et les déficits sociaux dans un bassin minier économiquement faible. Ces histoires de marginaux mettent en lumière les conditions de vie oppressantes et l’abrutissement émotionnel qui en résulte chez les individus. Dans les pièces Kitsch oder d’liewen as uschass, ët sief dann, den dout erweist sech als ligen (2001) et leschten enns käe liewen (2001) ainsi que dans le recueil de prose de john grün, dout am bushaischen (2002), le diagnostic sur l’époque se radicalise ; la violence dans les familles, les abus sexuels, le suicide, la toxicomanie et le chômage sont présentés comme les symptômes d’une société décadente et aliénée. Depuis la fin des années 1990, Helminger s’intéresse tout particulièrement à la simulation de mondes virtuels (Ein Mond aus kochender Milch [2003], f@king love & death sou niewebäi [2003], Pink Slip Party [2011]) ainsi qu’aux conséquences épistémologiques, éthiques et esthétiques qui découlent de la superposition de mondes fictifs et réels (spontanen départ [1998]). La comédie en langues luxembourgeoise, allemande, française et anglaise now here & nowhere, mise en scène par Frank Hoffmann et présentée en 2008 à la Biennale de théâtre Neue Stücke aus Europa à Wiesbaden, aborde la problématique de la cohabitation culturelle au Luxembourg, pays d’immigration, ainsi que le phénomène paradoxal du mutisme comme corollaire du multilinguisme. La pièce seven up & some down, mise en scène par Ali M. Abdullah au TNL en 2008 et dont Olivier Garofalo a assuré la dramaturgie, est dédiée au sculpteur néerlandais Willem Bouter. Au cours d’une subite introspection, un homme d’âge mûr entre dans un dialogue imaginaire avec des sculptures, qui symbolisent des personnes rencontrées dans sa vie. La pièce Zu schwankender Zeit an schwankendem Ort est créée pour les Ruhrfestspiele de Recklinghausen en 2012. Elle évoque l’incertitude identitaire dans un monde néolibéral qui, en raison de l’indiscernabilité croissante entre réalité et simulation, n’est plus perçu que comme un simulacre. Des systèmes mouvants de coordonnées politiques et sociales ainsi qu’un horizon de valeurs fluctuant projettent les douze protagonistes dans un avenir conflictuel, marqué par la peur de tout perdre et la xénophobie. La comédie Boulevard Royal, que le groupe de théâtre denTheater et Jean-Paul Maes créent en février 2012 au Théâtre des Capucins, reprend des figures et des sujets extraits des pièces Romeo and Juliet et Titus Andronicus de Shakespeare ; elle parle d’un mariage arrangé de deux enfants dont les familles possèdent des entreprises sanitaires, union conçue dans un esprit de lucre. Le mensonge, l’hypocrisie et la tromperie sont des éléments caractéristiques de la pièce.
Tout comme pour les pièces de théâtre, l’œuvre poétique de Helminger commence par une réflexion sur les événements politiques et les phénomènes quotidiens. Dans einer blättert im fahndungsbuch (1979) et Patton & Co (1992), la constitution de légendes politiques – par exemple en rapport avec John F. Kennedy ou le socialisme – est remise en question de manière critique, tandis que certains aspects de la culture du souvenir, de la vie associative et du monde du travail sont thématisés. Parallèlement, les structures de pouvoir répressives de l’État, de l’Église et des médias sont mises à nu, ce qui va de pair avec une déconstruction des mythes historiques luxembourgeois, comme ceux liés à la Seconde Guerre mondiale. landschaft mit seilbahn (1986) associe la critique de l’idéologie et du langage à l’esthétique formelle, qui prend une importance croissante pour Helminger dans les années 1990 et qui s’applique également à ses adaptations poétiques de haïkus et de nagautas. Dans une série de recueils de poésie conceptuelle (in eigener säure [1996], grenzgang [2003], besuch bei den älteren werken des mondes [2008], Geckegen Hunneg [2025]), il crée une poétologie personnelle, dont le cœur est la « séquence » – une forme de poème libre, non lié à un mètre, avec des insertions caractéristiques de vers. Chaque recueil de séquences se développe à partir d’un noyau allégorique ou métaphorique et suit une progression guidée par des motifs. Grâce à des moyens tels que les enjambements, les ellipses ou les décalages rythmiques, le poète crée un rapport de tension entre ouverture et densification, de sorte que le sens ne peut être saisi de manière définitive, se déployant plutôt en permanence dans le mouvement. En outre, Helminger combine ses propres textes avec des textes étrangers (entre autres de Friedrich Hölderlin, Rainer Maria Rilke ou Ernst Herbeck) et fait ainsi ressortir des processus de transformation et de superposition littéraires – le poème palimpsest du recueil grenzgang en est un exemple caractéristique. Le jeu linguistique qui mêle des mots français, allemands, anglais, italiens ou luxembourgeois vise à créer de l’irritation et – en particulier dans in eigener säure – une matrice poétique semblable à une séquence d’ADN. Les textes du recueil en deux parties besuch bei den älteren werken des mondes sont issus, d’une part, de la collaboration avec le photographe Yvon Lambert, et se réfèrent, d’autre part, à un atelier d’écriture avec un groupe de personnes handicapées, encadré par l’association socioculturelle Coopérations à Wiltz. Dans Geckegen Hunneg, le « je » poétique se pose les questions de l’origine, de la socialisation et de l’individuation, de la perception du monde ainsi que de l’éloquence. L’acquisition du langage par l’enfant permet d’œuvrer à la création du monde, alors que l’autonomisation du langage représente, ultérieurement, un moyen de lutter contre le risque d’aliénation. Comparables à l’effet ambivalent du « mad honey » (également appelé miel pontique) qui donne son titre à l’ouvrage, les images linguistiques d’inspiration surréaliste transmettent des impressions d’ivresse, telles que des troubles de la perception, des vertiges ou des hallucinations.
Le recueil de poèmes Abrasch (2013), pour lequel Helminger reçoit le prix Servais en 2014, est divisé en cinq cycles de longueur égale. Mis à part les épigraphes, dont un comprend un texte en anglais de son compagnon de route spirituel de longue date Henry David Thoreau, tous les textes sont rédigés en allemand, à l’exception du cycle giele botter qui, pour sa part, comporte des poèmes en luxembourgeois, allemand et français. Abrasch, le titre du recueil de poèmes et du cycle le plus long, désigne un écart de couleur accidentel qui arrive quand, lors de la confection d’un tapis oriental, la fin d’un fil engendre une variation de teinte. De même, dans l’histoire de la poésie, Ossip Mandelstam emploie ce terme pour établir un lien entre poésie et tissu textuel. Ainsi, Helminger éclaire sa poétique, qu’il conçoit dans un rapport de variation et de continuité avec les textes qui la précèdent. Ce faisant, il se réfère toujours à Mandelstam, qui comprend la théorie quantique comme un modèle de la créativité poétique. En janvier 2016, lors de la première à la Philharmonie Luxembourg, des fragments du poème sont représentés dans une installation mise en musique par Camille Kerger, sur des images du peintre autrichien Markus Huber. En 2020, la maison d’édition irlandaise redfoxpress publie le livre d’artiste Namen, illustré de sept sérigraphies de Robert Brandy, dans lequel Helminger consigne ses observations sur Namur, la capitale wallonne, dans 14 poèmes. Saumes Kinoplakat (2022) est un recueil de poèmes en anagrammes divisé en quatre cycles, dont la genèse est liée à l’œuvre Von der schönen Erde (2022), publiée sous l’hétéronyme Tomas Bjørnstad. Les vers réunis par l’auteur en sonnets dans le style de Pétrarque ou de Shakespeare sont tous des anagrammes rédigées au moyen d’un algorithme informatique, ce qui renvoie au rapport — thématisé dans et avec les textes — entre les limites de la création de sens et l’arbitraire mécanique de l’intelligence artificielle. Des vers ou des déclarations d’autres poètes tels que Jorge Luis Borges, Ernst Jandl, Jean-Paul Jacobs, Tania Naskandy, Guy Helminger ou Jean Krier peuvent constituer les points de départ de certains sonnets, de sorte que le recueil peut aussi être lu comme un commentaire sur l’évolution de la poésie depuis la Renaissance jusqu’aux temps futurs, en passant par le dadaïsme et le postmodernisme.
Dans la prose de Helminger, la littérature est notamment considérée comme un champ d’expérimentation dans lequel les formes esthétiques sont variées, les traditions adaptées et les attentes sciemment déjouées, comme dans le premier roman Frascht (1990) ou dans Zeitungsroman in vier Jahreszeiten. Die schöne Pharisäerin, publié en 1995 dans le Tageblatt. Dans ses comptes rendus et récits de voyage en Algérie (medea, enn august, 1982 [1997]), le franchissement des frontières devient également matière esthétique. Iwwer Land (1998) présente en neuf nouvelles un monde rural équivoque des années 1980 et 1990, marqué par la brutalité psychique, l’abus de drogues, les rêves brisés ou le scandale de la vache folle. Le roman Lëtzebuerger Léiwen (2013), dont la première version a été rédigée entre 1970 et 1974, regroupe 41 chapitres qui portent des titres itératifs et qui racontent l’adolescence de cinq amis socialisés à Esch-sur-Alzette au début des années 1970, du temps des révoltes estudiantines et des bouleversements sociaux. Le roman prend fin en mai 1974, lors de la soirée électorale couronnant le succès de la coalition sociolibérale. À l’inverse des discours politiques et de la politisation de la société, le narrateur montre des épisodes dans lesquels la musique, les expériences sexuelles, les bistrots et la vie festive sont vus comme des points de mire dans la vie des jeunes. Dans ce roman d’initiation et générationnel d’une jeunesse dorée, les perspectives d’un revirement socialiste de la société sont rattrapées par la vie quotidienne, car les protagonistes, à l’exception de Pascal Hastert, empruntent le chemin professionnel et social prétracé par la génération parentale bourgeoise fortunée. Dans le roman Autopsie (2014), qui constitue la suite du précédent, Helminger brosse le portrait du psychisme et du fonctionnement interne d’un adolescent en péril, lequel cherche sans succès une issue à ses problèmes. Le roman se déroule dans les années 1980 et décrit l’évolution en pente descendante de Joe Schreiber, qui se perd dans un monde de drogues, d’alcool, de fêtes et de crimes sur arrière-fond d’évènements marquants au Luxembourg, telles l’affaire Bommeleeër ou la visite du pape. Dans la nouvelle Flakka, Helminger conçoit une intrigue policière délibérément trash, débridée et humoristique, qui a pour décor Esch-sur-Alzette et où se côtoient politique, trafic immobilier, criminalité liée à la drogue et terrorisme islamiste.
Dans Kuerz Chronik vum Menn Malkowitsch sengen Deeg an der Loge (2017), Helminger aborde de manière satirique et critique les évolutions sociales au Luxembourg jusque dans les années 2000 et 2010. Il y relate la formation d’une personnalité et le récit d’initiation sexuelle du protagoniste Menn Malkowitsch, qui désire rompre avec la société, mais qui, après une phase de questionnement existentiel, décide de travailler pour la poste avant de rejoindre l’agence de relations publiques et de communication Ubbus et d’y élaborer une campagne de promotion nationale baptisée « nation branding ». Suite à un épuisement physique et moral et après un séjour en psychiatrie, le protagoniste finit par occuper la loge de concierge d’un office de régulation. Imprégné de la théorie postmoderne de François Lyotard, le roman se veut récit tout en adoptant une forme fragmentée, comprenant des notes assemblées dans des carnets appelés « Sudelbücher » en référence à Lichtenberg, auteur allemand des Lumières. Nico Helminger expose des biographies brisées et s’attache à décrire des dysfonctionnements psychiques, notamment les signes cliniques de l’état bipolaire. Il brosse par ailleurs le portrait d’une société ancrée dans le matérialisme, la pression du succès professionnel, la consommation et la double morale. Il diagnostique l’apparence comme étant le trait constitutif d’une société qui pousse l’individu à l’autopromotion, laquelle peut être comparée au « nation branding » pratiqué à l’échelle politique nationale. Selon lui, l’artificiel et le simulacre l’emportent ainsi sur l’authenticité et l’individuel.
Dans Kappgras (2023), le narrateur, un journaliste et écrivain qui sort du coma, tente de se remémorer sa propre vie à l’aide d’entretiens psychothérapeutiques et de la lecture d’écrits biographiques publiés sous pseudonyme. Divisé en deux livres de trois chapitres chacun, ce roman à la fois psychologique et policier retrace chronologiquement les différentes phases de la vie du protagoniste, jusqu’à l’accident qui a provoqué son coma. Au centre de l’anamnèse se trouvent la question de savoir dans quelle mesure cet accident est lié à ses investigations sur un réseau international corrompu et mafieux, ainsi que le soupçon d’un soudain remplacement de sa femme par un sosie à des fins frauduleuses. À l’intrigue et au panorama sociétal complexe se mêle systématiquement l’histoire du cinéma, par l’évocation de films classiques et par des recoupements qui accentuent la perméabilité entre réalité et fiction.
Les textes de Tomas Bjørnstad, qui, selon son éditeur, serait né à Trondheim en 1984 et aurait grandi au Luxembourg, paraissent depuis 2018 et ouvrent une nouvelle phase dans l’œuvre de Nico Helminger. En réalité, il s’agit d’un hétéronyme, c’est-à-dire d’un auteur fictif à la biographie fictive, que Helminger a créé dans l’esprit de Fernando Pessoa et dont il n’a révélé le secret qu’avec la publication de Von der schönen Erde (2022). Le jeu autofictionnel avec l’identité de cet écrivain inventé est un élément stylistique et thématique central de toutes les publications présentées comme textes clés « autobiographiques », car le « je » poétique et le « je » narratif y sont constamment présentés comme alter ego de l’auteur supposé. À l’aide de références paratextuelles et intertextuelles, l’auteur-persona Tomas Bjørnstad se construit comme une figure littéraire qui transcende ses œuvres. Cet écrivain en plein essor, qui prend la pose d’un poeta doctus au moyen de références constantes à certains modèles littéraires et musicaux, se veut un porte-parole critique de la génération Y luxembourgeoise.
Le recueil de poésie Fjorde (2018), divisé en six cycles et dont la genèse et la publication sont évoquées dans Die Tanzenden, fait référence par son titre à la Norvège natale de Tomas Bjørnstad. Celle-ci, à laquelle s’ajoutent d’autres destinations de voyage, y apparaît comme un lieu de nostalgie ambivalent. Au moyen d’images absurdes ou grotesques, mais aussi prosaïques, qui moquent et romancent le quotidien, le « je » poétique explore tant les particularités de la perception de soi et des autres que la question de l’origine. Lien important avec le roman, le motif de la danse est entrelacé dans les vers libres avec les thèmes de prédilection de Tomas Bjørnstad : la vie nocturne et culturelle, le DJing, l’ivresse, la consommation d’alcool et de drogues, la désorientation et la nature fugace de l’instant et de l’existence. Le point de départ de Die Tanzenden (2019) est l’histoire d’amour ratée du protagoniste, dont la réévaluation se fait en parallèle à une recherche d’identité et de sens. Cette recherche caractérise le roman, où la fuite dans l’hédonisme superficiel des visites au bistrot et à la discothèque n’offre aucune solution. Tiraillé entre le désir d’un mode de vie bohème et le quotidien d’une existence bourgeoise, le narrateur souffre d’une société luxembourgeoise hypocrite et décadente, à laquelle il ne peut finalement pas échapper, puisqu’il l’incarne lui-même. Les tensions psychologiques s’inscrivent dans la conception formelle du roman : les sections narratives centrales à la première personne sont interrompues par des insertions de fragments de notes, de courriels, d’articles de blog ou d’extraits d’un scénario dystopique de bande dessinée. Les passages satiriques concernent notamment l’analyse d’évènements importants (par exemple l’affaire Elf Aquitaine, le marathon ING dans la ville de Luxembourg ou le dixième anniversaire du Musée d’art moderne Grand-Duc Jean), la description de personnalités luxembourgeoises connues ou la diffamation de certains groupes professionnels tels que les enseignants, la police ou la classe politique. En raison d’une référence énigmatique dans Die Tanzenden, les pages culturelles grand-ducales ont un temps présenté Samuel Hamen comme auteur possible des textes de Tomas Bjørnstad.
Von der schönen Erde apparaît dans l’œuvre de Tomas Bjørnstad comme un opus magnum mêlant prose, poésie, ébauches de récits et dialogues, entrées de journal intime et extraits de textes littéraires connus et fictifs. Le jeu de l’autofiction y est poussé à l’extrême et le personnage artificiel de Bjørnstad déconstruit par un éclatement en plusieurs protagonistes. Ainsi, le personnage fictif de Guy H fait ouvertement allusion au frère de Nico Helminger, Guy, par conséquent considéré comme un autre auteur potentiel des textes de Bjørnstad. L’œuvre, aléatoire, multiperspective et métafictionnelle, se compose de 128 chapitres dont le lecteur doit lui-même déterminer l’ordre. Les différentes intrigues peuvent être combinées de différentes manières, comme dans le roman de Julio Cortázar Rayuela (1963), qui a servi de modèle. Le sous-titre Fragmente & Skizzen rend problématique la question du genre littéraire tout en fournissant des indications contradictoires sur la nature du texte, même au sein de la fiction, ce qui empêche une classification plus précise. Les recherches de Bjørnstad sur les suicides de collaborateurs d’une société de conseil internationale douteuse sont au centre de l’ouvrage, complétées par la présentation en partie lacunaire d’histoires de vie connexes d’autres auteurs. Dans ce contexte, des thèmes tels que l’aliénation du monde du travail dans une société néolibérale incitant à la consommation et à la performance, l’enfance perdue et la désillusion sociale, les futurs dangers de l’intelligence artificielle, les vanités du monde culturel (luxembourgeois) ou la fragilité de l’existence poétique sont également abordés. Enfin, l’intrigue brosse également un portrait de la ville de Bjørnstadt, inspirée d’Esch-sur-Alzette et en passe de devenir une « smart city » où est organisée BjørnBling22, une année culturelle parodiant Esch2022 et fondée sur les liens entre la politique et l’économie, que Bjørnstad désapprouve.
Die Verlorenen. Film (Bande non dessinée) (2024), thriller lipogrammatique de Tomas Bjørnstad, raconte, sous une forme qui s’inspire de scénarios de films et convoque le genre du roman graphique, l’histoire de deux chasseurs de primes : partis à la recherche d’un collectionneur d’art, ils débarquent au cœur d’une mystérieuse conspiration autour de puces cérébrales d’intelligence artificielle, se retrouvant eux-mêmes poursuivis. Outre le jeu sur les références intermédiales, l’intrigue devient une parabole sur le plan métafictionnel lorsqu’une histoire imbriquée démontre la toute-puissance des instances narratives. Dans le même temps, les techniques narratives dans leur ensemble se voient poussées jusqu’à l’absurde.
Helminger est aussi l’auteur de livres pour enfants. Dans les trois pièces pour enfants ollimimischmulli (1978), wou geet ët hei op schlidderascht (1983) et So, wéi as dat ... mat der Léift? (1985), il appelle en tant que citoyen éclairé au courage social, tout en transmettant des principes éthiques. Parallèlement, il porte un regard théorique sur le théâtre pour enfants, notamment dans l’essai Luxemburgische Ansätze. Vom Märchentheater zur »Spillfabrik« (1978), dans lequel il se prononce pour une réorientation pédagogique du théâtre au moyen d’un concept émancipateur. Avec Guy Rewenig, il publie le recueil D’Schoul brennt (1980/2003), qui contient également des chansons tirées de pièces de la troupe de théâtre pour enfants Spillfabrik. C’est en outre lui qui signe le texte de l’album De giele Fleck (2008), conçu et illustré par Simone Johann, qui raconte l’amitié entre une tache de couleur jaune et l’homme arc-en-ciel.
Des poèmes et des textes en prose de l'écrivain ont paru dans diverses anthologies et publications de renom, au Luxembourg et à l’étranger : Galerie, Europe, Action poétique ou encore Les Cahiers luxembourgeois. Quelques-uns de ses textes ont été mis en musique par Fernand Kimmel, Albert Marinov et Josée Dostert. Il a également écrit quatre opéras de chambre en collaboration avec le compositeur Camille Kerger : Melusina (1995), Rinderwahn (1998), Ein Mond aus kochender Milch (2001) et Fintenzauber (2006). Le duo Camille Kerger-Nico Helminger s’est aussi livré à des formes expérimentales texte-son avec Blende 8 (1991) et Die Kathedrale von Ell (1999). En 2006, il conçoit la soirée thématique De Minett – Bréch an der Landschaft à l’occasion du centenaire de la ville d’Esch-sur-Alzette. La pièce de théâtre schwarzloch (Budapest, 2009) a été traduite en hongrois par Kristóf Szabó. Tom Nisse a traduit en français une sélection de poèmes du recueil là-bas = dort (2020). Philippe Blasen et Nora Chelaru ont traduit now here & nowhere en roumain. Helminger a lui-même traduit en luxembourgeois la pièce en un acte de Patrick Süskind, Der Kontrabass (1981) ; cette pièce a été créée en 2013 au Théâtre des Casemates. Il a également traduit en allemand, sous le titre Fin de siècle – Phantombild (2004), des extraits de Breccia (1987) et Poasis (2001) de Pierre Joris.
Helminger a été plusieurs fois lauréat du Concours littéraire national. Miss Minett est récompensé en 1993 par le prix de l’association culturelle De Minettsdapp. En 2008, l'écrivain reçoit le prix Batty-Weber pour l’ensemble de son œuvre. Au même titre que Pol Greisch, Jean Portante et Guy Rewenig, il fait partie des auteurs qui ont reçu le prix Servais à deux reprises : en 2014 pour Abrasch et en 2018 pour Kuerz Chronik vum Menn Malkowitsch sengen Deeg an der Loge. Pour ce dernier, il obtient également le Lëtzebuerger Buchpräis en 2018 . En 2012, il est auteur en résidence au TNL à Luxembourg. De 2013 à 2018, il est le directeur artistique du Printemps des poètes – Luxembourg. Il a été membre de la LSV jusqu’à la dissolution de celle-ci en 2016. Il est membre du PEN-Zentrum Deutschland depuis 2015 ainsi que membre fondateur et membre d’honneur de l’association d’écrivains A:LL Schrëftsteller*innen, créée en 2020.
Publications
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Année1979
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Année1979
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Année1981
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Année1982
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Titre landschaft mit seilbahnAnnée1986
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Titre de schantchenAnnée1989
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Titre Frascht. RomanAnnée1990
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Titre Patton & co. TryptichonAnnée1992
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Titre Miss MinettAnnée1993
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Année1995
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Année1996
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Titre Iwwer LandAnnée1998
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Année1999
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Année2001
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Titre leschten enns käe liewenAnnée2001
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Année2002
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Année2003
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Année2003
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Année2003
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Année2003
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Année2004
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Année2005
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Titre schwarzlochAnnée2006
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Année2007
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Titre Besuch bei den älteren Werken des Mondes. sequenzen & Gedichte. Mit Illustrationen von Jean DelvauxAnnée2008
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Titre De giele Fleck.Année2008
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Titre seven up & some downAnnée2008
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Titre Dow JonesAnnée2010
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Titre Pink Slip Party.Année2011
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Titre AbraschAnnée2013
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Année2013
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Titre UrsprungAnnée2013
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Titre Autopsie. RomanAnnée2014
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Titre Flakka. Esch-TrashAnnée2016
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Année2017
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Titre Fjorde. LyrikAnnée2018
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Année2018
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Titre Die Tanzenden. RomanAnnée2019
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Titre Namen. 14 Namur-GedichteAnnée2020
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Année2022
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Année2022
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Titre Kappgras. ErzielwierkAnnée2023
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Année2024
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Année2025
Traductions
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Langue RUM
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Langue DEU LTZ FRE
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Titre Schwarzloch [ungarisch]Langue HUN
Collaboration à des périodiques
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Titre des périodiquesAction poétique. Revue trimestrielleNoms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquesArtic-Magazin. Zeitschrift für Kunst, Literatur und PhilosophieNoms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquesCahiers luxembourgeois (Les). revue libre des lettres, des sciences et des artsNoms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquesEurope. revue littéraire mensuelleNoms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquesGalerie. Revue culturelle et pédagogiqueNoms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquesndl (Neue deutsche Literatur). Zeitschrift für deutschsprachige LiteraturNoms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquesPages de la SELF (Les)Noms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquesPhare (Le). Kulturelle Beilage - Point de vue culturelNoms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquesRevue / Lëtzebuerger illustréiert RevueNoms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquesSprache im technischen ZeitalterNoms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquesTageblatt / Escher Tageblatt = Journal d'Esch. Zeitung fir LëtzebuergNoms utilisésNico Helminger
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Titre des périodiquestranskrit. Revue littéraire - Zeitschrift für LiteraturNoms utilisésNico Helminger
Études critiques
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Auteur(e) r.c. (René Clesse)
Année1980 -
Auteur(e) Jean-Paul Hoffmann
Année1982 -
Auteur(e) Léopoldine (Georges Penning)
Année1982
Distinctions
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Année 1978
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Année 1979
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Année 1980
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Année 1980
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Année 1981
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Année 1982
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Année 1983
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Année 1984
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Année 1985
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Année 1990
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Année 1991
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Année 1992
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Année 1993
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Année 1996
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Année 1996
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Année 1999
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Année 2007
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Année 2008
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Nom Prix ServaisAnnée 2014
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Année 2018
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Nom Prix ServaisAnnée 2018
Membre
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A:LL Schrëftsteller*innen
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CNLi - Conseil national du livre
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Conseil national du livre (CNLi)
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LSV - Lëtzebuerger Schrëftstellerverband [1986-2016]
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Minettsdapp (De)
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PEN Zentrum Deutschland
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Printemps des Poètes - Luxembourg
Archives
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CNL L-0173
Liens externes
Galerie photos
Citation:
Claude D. Conter/Tim Reuter, « Nico Helminger », sous : , mise à jour du 08.07.2025, consulté le . -